Le greenwashing appliqué à l'énergie
Le greenwashing (ou éco-blanchiment) est une méthode marketing qui consiste à prêter des qualités « écologiques » à un produit, à laisser entendre que le produit présente de prétendues vertus écologiques. En bon françois, on est censé parler de « mascarade écologique ». Soit. En français comme en anglais, le concept est clair : c'est une arnaque, un abus de langage, une méthode facile pour « faire du développement durable ». C'est une stratégie de communication qui consiste à utiliser à mauvais escient des mots ou des concepts à connotation écologique. Le client mal renseigné ou sensible aux beaux discours tombe dans le panneau : si on me dit que ce produit est « vert », alors c'est forcément vrai…
Greenwashing chez les constructeurs automobiles
Le secteur de l'automobile est particulièrement friand de ce genre de méthode, qu'il utilise à tort et à travers : reprise écologique, prime éconologique, et autres slogans de circonstance. Les labels aussi : chaque constructeur essaie de s'inventer un label écolo, ce qui n'a d'autre effet que d'embrouiller le consommateur, qui se perd dans une forêt de labels valables ou fumeux. Par exemple : « eco2» chez Renault, BlueLion chez Peugeot, AirDream chez Citroën, ECOnetic chez Ford, EcoFlex chez Opel, EfficientDynamic chez BMW, Bluetec chez Mercedes-Benz, GreenLine chez Skoda, EcoMotive chez SEAT, BlueMotion chez Volkswagen, et sûrement plein d'autres que j'oublie… Dans l'ensemble ces labels ne fixent pas d'objectifs plus ambitieux que la réglementation et les normes ou certifications en vigueur (pollution, qualité environnemental, recyclage), seuls 1 ou 2 modèles se démarquent vraiment. Du marketing pur et simple, largement relayé par des magazines automobiles qui collaborent pleinement à cette propagande.
Greenwashing chez les fournisseurs d'énergie
Les fournisseurs d'énergie ne sont pas en reste. Certains n'hésitent pas à recourir à la publicité mensongère. Ce qui a généralement pour effet une réaction de contestation immédiate chez les professionnels de l'environnement :
- en Suisse, l'Union Pétrolière a mené une campagne publicitaire avec le slogan « Chauffer au mazout : pour une meilleure protection du climat », un mois après que les experts du GIEC aient (enfin !) reconnu que l'usage des sources d'énergie fossiles contribue au réchauffement climatique. Greenpeace a porté plainte ;
- en France, GDF a plusieurs campagne douteuses à son actif, dont certaines ont fait long feu : en novembre 2006, GDF a diffusé des spots publicitaires à la radio (« […]le gaz naturel, ça reste de loin l’énergie la plus écologique[…] » - le CLER a saisi le BVP), en novembre 2007 GDF annonce sur son site web que la combustion du gaz naturel ne produit que de la vapeur d'eau (l'annonce a été retirée le jour même). On attend avec impatience le millésime 2008…
Greenwashing politique
Qu'on soit d'accord ou pas, il est indéniable que la masse populaire prend petit à petit conscience des enjeux énergétiques du XXIème siècle. Mal renseignée et gavée de propagande télévisée, cette masse populaire est capable d'accepter facilement les points de vue des plus influents. En politique, la thématique environnementale entre petit à petit dans les programmes, au moins pour des raisons de marketing et de communication. Les grands partis sont toujours assez prudents vis-à-vis des partis à tendance écologiste, à plus forte raison lorsque ces derniers prônent une forme plus ou moins poussée de décroissance.
Mais le développement durable étant une mode récupérée par absolument tout le monde et n'importe qui, le monde politique traditionnel n'échappe pas à la règle. Et multiplie les annonces, de manière plus ou moins spectaculaire, pour laisser croire au citoyen que la question environnementale et énergétique est prise à bras le corps par un gouvernement courageux et précurseur. Les exemples en la matière ne manquent pas, surtout depuis que Nicolas Sarkozy est au pouvoir. Avec comme à son habitude, des débats biaisés et des actions contradictoires et ponctuelles, dans le refus permanent d'une remise en cause du modèle actuel par une réflexion à long terme.
Le Grenelle de l'Environnement
Sarkozy a réuni en 2007 les acteurs de plusieurs branches de l'environnement pour en sortir émettre des propositions d'actions pour l'environnement et le développement durable. Certaines ONG ont cependant été exclues du débat, d'autres l'ont boycotté. Il faut dire que certains thèmes ne figuraient pas dans les groupes de travail prévus (ou alors de manière très succinte), alors qu'ils font parti intégrante de la thématique (ou plutôt, de la problématique). Par exemple : le nucléaire, les OGM, les pesticides… Évitons donc de parler des sujets qui fâchent. Certains engagements d'ailleurs été remis en cause ou non tenus
Le Grenelle de l'environnement a cependant permi d'identifier des axes de travail (dont la très grande majorité, il faut le reconnaître, était déjà connue des professionnels et ONG des secteurs d'activité concernées). En 2009, des lois d'orientation sont votées. Mais l'application des conclusions du Grenelle peine à venir. Des objectifs chiffrés sont sans cesse rabâchés, mais les moyens alloués pour y parvenir sont modestes ou toujours pas connus. Soit dit en passant, les grands objectifs issus du Grenelle ne diffèrent pas de ceux imposés par l'Europe…
Le gouvernement considère que l'urgence économique de la crise financière de 2008 est aussi une bonne raison de laisser de côté certaines thématiques ou engagement du Grenelle.
On ne peut pas dire que le Grenelle de l'environnement n'a rien produit de bon. En revanche on peut dire que les actions politiques qui en débouchent sont bien inférieurs à l'écho médiatique de cette opération…
Sarkozy, le président radio-actif
Nicolas Sarkozy, ardent défenseur du nucléaire (civil…) est qualifié de VRPrésident par les antinucléaires. Ils n'ont pas tort. S'il pouvait, il en vendrait à tout le monde, même aux pays les moins recommandables. Et de le voir vanter les mérites du nucléaire français à des pays producteurs de pétrole, qui n'ont d'ailleurs pas d'uranium, mais beaucoup, BEAUCOUP de soleil à exploiter. Il faut dire qu'en France on ne manque pas de champions radio-actifs : EDF, Areva, et Bouygues (le parrain d'un des fils de Nicolas), qui lorgne sérieusement sur le secteur (c'est d'ailleurs Bouygues qui s'occupe du génie civil de l'EPR finlandais, ce chantier qui connaît tant de problèmes…)
Dernièrement, suite au résultat des élections européennes qui ont montré la montée en puissance des écologistes, Sarko nous promet que « Là où on dépense un euro pour le nucléaire, on dépensera un euro pour les énergies propres ». Méfions-nous de cette promesse. Ça doit cacher quelque chose. Il y a plusieurs choses que l'on peut interpréter dans cette phrase a priori très « verte » :
- qu'est-ce qu'une énergie propre selon Sarkozy ? Probablement pas uniquement les énergise renouvelables… D'ailleurs, selon lui, en étant « faiblement carbonnée », le nucléaire est propre. Je pense que ça ne lui poserait pas de problème de qualifier certaines technologies basées sur des énergies fossiles d'« énergies propres ». On ne sait d'ailleurs pas si le terme « énergies propres » fait référence à des sources d'énergie ou des technologies…
- le nucléaire c'est environ 80% de l'électricité française, 40% de notre consommation d'énergie primaire, mais 17% de notre énergie finale. Ce qui signifie que notre économie repose à 83% sur d'autres formes d'énergie. En proposant d'allouer 1 € pour 17% du problème et 1 € pour les 83% restant, notre président respecte un ratio que l'on retrouve très souvent en ce monde inégalitaire : 20% de la population possède 80% des richesses. Cela montre aussi que l'on va continuer à gaspiller de l'argent dans le nucléaire, alors que la relance de ce secteur est pénible et hypothétique. Notre président, avec de telles annonces, est pathétique et montre finalement qu'il n'a pas conscience des enjeux, mais seulement de ses amitiés industrielles.
Greenwashing dans les autres secteurs d'activité
Ce site traite essentiellement d'énergie et d'informatique, et je n'ai pas l'intention de trop m'en éloigner. Mais force est de constater que le greewashing est désormais monnaie courante, dans tous les secteurs de production de biens, voire de services. L'Observatoire Indépendant de la Publicité recense de nombreuses publicités douteuses ou suffisamment perfides pour essayer d'attribuer des qualités écologiques à des produits ou des entreprises qui ne le sont pas.
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